La collaboration philanthropique pour plus d’impact
Le modèle des fondations abritantes
Swiss Philanthropy Foundation organise mardi à Genève une conférence sur le thème de la collaboration entre les fondations. Pourquoi collaborer ? Pour viser le plus d’impact possible, en mutualisant les ressources. L’idée semble intuitive mais n’est pas si simple à mettre en place dans une sphère des fondations très hétérogène et multiple. Pour rappel, leur nombre a augmenté de 60 % depuis l’an 2000, pour atteindre 13.000 aujourd’hui.
L’exemple de collaboration récente entre quatre grandes fondations sera notamment discuté mardi, avec la présence de la directrice du fonds philanthropique Partners for a New Economy (P4NE), Leslie Harroun. L’objectif de ce consortium: financer des projets transformateurs et qui peuvent avoir un impact sur les modèles économiques et financiers actuels. Avec l’idée d’agir non uniquement au niveau des bénéficiaires de donations (conséquences d’un système) mais aussi à la source et donc sur les causes même de certaines problématiques, sociales ou environnementales par exemple.
« L’idée que des fondations financent des projets dans l’économie peut paraître assez iconoclaste. Mais le concept de « system change » est une tendance forte aujourd’hui », précise Etienne Eichenberger, président et co-fondateur de la Swiss Philanthropy Foundation. Le projet P4NE fait partie de cette fondation abritante, qui a vu le jour en 2006.
« La collaboration entre les donateurs est un thème souvent abordé aujourd’hui, mais il y a malheureusement trop peu d’exemples. Les fondations abritantes sont une des voies possibles pour encourager ces collaborations. Elles s’inspirent du modèle américain de la fondation communautaire, avec des fondations qui se regroupent autour d’intérêts et de but communs ».
On compte aujourd’hui une dizaine de fondations abritantes en Suisse, portées par des initiatives privées, ou des institutions, comme des banques. Et elles connaissent un succès croissant. Comment fonctionne concrètement une fondation abritante ? L’idée est là aussi de mutualiser les ressources : plutôt que de créer une structure juridique de fondation indépendante, le donateur intègre une fondation abritante, son projet conservant une certaine autonomie et bénéficiant d’économies d’échelles.
« Pour de nombreux donateurs, une fondation n’est plus considérée comme une fin en soi mais plutôt comme un outil. Il y a un coût financier non négligeable pour créer et gérer une fondation, puis un coût de transaction en temps et en réseau que tout le monde n’a pas. L’avantage d’une fondation abritante est de décharger le donateur de cette partie, lui permettant de se consacrer entièrement au but de son fonds philanthropique. La fondation abritante s’occupe de toute la partie administrative , ainsi que des rapports à fournir aux autorités de surveillance et fiscales » précise encore Etienne Eichenberger.
Chaque fonds philanthropique de la fondation abritante est géré par un comité de pilotage réunissant le fondateur du fonds, les personnes dont il souhaite s’entourer et un membre du Conseil de fondation. Ce comité fait des recommandations sur l’allocations des dons. Cette structure flexible permet aussi d’avoir différents types de fonds abrités, des fonds entièrement dédiés à un donateur mais aussi des fonds thématiques, pouvant fédérer plusieurs donateurs.
Pour assurer cette gestion, la Swiss Philanthropy Foundation prélève une commission de l’ordre de 3 et 5% des montants donnés, qui a vocation à couvrir les frais de fonctionnement. Les montant annuel moyen donnés sont de 8,5 millions. « Nous avons une moyenne annualisée de 13% de distribution du capital ces dernières années, ce qui est un taux élevé et indique que ce modèle encourage une dynamique soutenue».
D’après son dernier rapport annuel, la Swiss Philanthropy Foundation a créé plus de 25 fonds philanthropiques ces dernières années, pour près de 150 millions de capital. Une centaine de projets sont soutenus chaque année en Suisse et à travers le monde.
(Article rédigé par Marjorie Théry, paru le vendredi 17 mars 2017 dans l’AGEFI)